Tourisme : Reims mise enfin sur son histoire

A l’image de Versailles ou des châteaux de la Loire, Reims veut mettre en avant son patrimoine pour attirer davantage de touristes étrangers. Un son et lumière, un nouveau musée sur les sacres et surtout un hôtel de luxe pour une clientèle américaine : voici ses nouveaux atouts.

 Avec le son et lumières « Regalia » projeté sur la cathédrale de Reims, le public sera invité à revivre la journée du sacre d'un roi.
Avec le son et lumières « Regalia » projeté sur la cathédrale de Reims, le public sera invité à revivre la journée du sacre d'un roi. Moment Factory

    Tous les regards à Reims sont tournés vers la cathédrale Notre-Dame, en plein cœur de la ville. Dès la fin du mois, un nouveau spectacle, baptisé « Regalia », sera projeté sur l'édifice. Une expérience immersive dans la journée du sacre d'un roi. La ville a choisi de mettre en scène ce volet de l'histoire si intimement lié à son vécu.

    « Les sacres sont universellement connus et Reims en compte trente-trois. Mais, jusqu'ici, les municipalités étaient frileuses pour mettre en avant cette histoire. C'est une préoccupation relativement récente », regrette l'historien rémois Patrick Demouy.

    Malgré un classement de la cathédrale à l'Unesco, le quartier manquait également d'attrait. « La ville avait pris du retard quant à la valorisation de son patrimoine. Le parvis n'a été rendu piéton qu'en 2007 », rappelle Arnaud Robinet, le maire. « La place n'était qu'un carrefour où passaient les voitures et les bus. C'était un vrai problème pour les touristes », se souvient Christophe Ballan, architecte rémois qui a conçu le nouveau parvis.

    Aujourd'hui, face à la vieille dame de 800 ans, la caserne de pompiers Chanzy va faire place à un hôtel de luxe, après avoir été laissée en friche pendant trente ans.

    Façade Art déco sauvegardée

    « On a gardé la façade Art déco datant des années 1920. Et l'architecte des Bâtiments de France nous a laissés faire cette surélévation très contemporaine », détaille Christophe Ballan. Les chambres en terrasse bénéficieront d'une vue imprenable sur l'édifice gothique, qui accueille près d'un million de visiteurs par an. La SAS Cathédrale a confié la franchise des lieux au groupe Marriott, leader mondial de l'hôtellerie, qui implante ainsi à Reims le cinquième établissement français de sa chaîne Autograph Collection, pour une ouverture prévue en juin. « On s'attend à recevoir une clientèle très américaine, on l'estime à 40 %. Ce sont des gens qui ne restaient pas à Reims car ils n'avaient pas d'offre hôtelière dédiée. Ils faisaient simplement l'aller-retour en TGV pour visiter les caves », souligne Eric Pingat, président de la SAS Cathédrale.

    Pour retenir plus longtemps les touristes, Reims déploie les pages de son histoire. Une centaine de totems ont poussé dans le centre-ville ces dernières semaines. « Ils sont dédiés aux bâtiments de la ville, à leur architecture. Les textes écrits en français sont traduits en anglais et en allemand », détaille Camille Roberrini, de l'office de tourisme. La ville martyre, entièrement rasée après le premier conflit mondial, n'a de cesse de se reconstruire, encore et toujours. Accolé à la cathédrale, le palais du Tau, autrefois lieu de séjour des rois, sera complètement restauré. L'Etat prévoit dès l'an prochain d'énormes travaux dans ce musée national avec, à la clé, une nouvelle scénographie dédiée, évidemment, aux sacres.