L'histoire fabuleuse de la Madone et du carillon

Publié le

Source : Edition spéciale unique  "Le journal "

Désireux d'en savoir plus sur cette gigantesque statue qui se dresse dans le ciel au-dessus de Miribel, attirant le regard des voyageurs, le journal a rencontré madame Antoinette B. cultivatrice au Mas Rillier. Son âge respectable n'a pas altéré sa mémoire, et avec sa verve habituelle, elle a raconté l'histoire fabuleuse de la Madone. Ecoutons-la. 

"Quand l'aabbé Thomas est arrivé au mas Rillier, c'était en mai 1931, je m'en souviens bien, c'est quand notre vieille chévre est morte, on a tous compris que c'était pas un curé ordinaire. Immédiatement il a mis tous les gens du hameau au boulot pour remettre l'église en état. y en avait besoin, pensez-donc, après dix-sept ans sans curé ! On répare, on nettoie, on dépoussière, on astique, on raccommode les surplis des enfants de choeur, mangès par les mites... Le Père thomas va à Lyon, où il achète un autel en marbre et fait sculpter une statue de la Vierge. Et le plus fort, c'est qu'il n'a pas de sous ! Dans les caisse, il n'y a que cinquante centimes... L'éveque, Monseigneur Béguin, oh! un brave homme, institue la Confrérie de Notre Dame du sacré Coeur du Mas Rillier, ce qui va faire connaître notre petite église dans le monde entier. Et petit à petit, les pèlerins vont arriver, de plus en plus nombreux. L'église devint vite trop petite, on y était serré comme des sardines... Et un beau jour, je crois que c'était en mai 1933, le curé nous a annoncé qu'il voulait édifier une statue monumentale de la Vierge sur les ruines du vieux château. si ça n'avait pas été pendant la messe, on aurait applaudi, tellement nous étions contentes ! A partir de ce jour-là, pour avoir l'argent nécessaire, le Père thomas a redoublé d'effort... Aidé par madame Rose, sa fidèle gouvernante, il a fait graver des médailles, il a fait imprimer des cartes pieuses, écrites en vingt-six langues, même en japonais. Vous vous rendez compte ? Il vendait des cierges, des cartes postales, des chapelets et que sais-je encore, dans la boutique ouverte place de la pompe. Il organisait des ventes de charité, des tombolas, et envoyait des appels aux dons dans le monde entier. Nous, les gamins, on collait les bandes adresse sur les bulletins expédiés par centaines aux abonnés, pour six francs par an, c'était pas bien cher... Il y a avit de plus en plus de monde au mas Rillier. une quizaine de cars venus de Lyon, déversaient des centaines de pèlerins dans les rues étroites du hameau. Fallait voir ça ! les gendarmes venaient faire la circulation. ah ! vous me croyez pas ? tenez, regardez cette photo. Plusieurs fois par an, y avait des processions à travers les rues; les fillettes jetaient des pétales de roses. Ah! comme c'était beau. Le curé installait des haut-parleurs à l'extèrieur de l'église, pour que les gens restés dehors puissent entendre la messe. Pour les héberger, il a construit l'abri du pèlerin, où le dimanche on servait des centaines de repas. C'est le boulanger qui était content... Tous les visiteurs allaient ensuite voir le chantier de la Madone, qui petit à petit, s'élevait sur les ruines du château. Le jour de la bénédiction de la première pierre, il y avait 12 000 personnes. incroyable ! Et l'inauguration, le 05 juillet 1941, quelle fête magnifique, en pleine guerre ! Mais ça ne suffisait pas à notre bon curé... Figurez-vous qu'il s'était mis dans la tête de construire un campanille, une sorte de grande tour, pour y installer un carillon de 50 cloches que le père Paccard, d'Annecy, lui avait vendu. On a caché les cloches derrière l'abri du pèlerin, sous des tas de planches, jusqu'à la fin de la guerre. Elles en sont ressorties le 29 juin 1947, pour leur baptême sur l'esplanade, habillèes de mousseline, comme des nouveaux nés, accompagnées de leur marraine. Trois semaines plus tard, c'était l'inauguration, suivie par une foule considérable, émue jusqu'aux larmes. Quel beau concert ! les pélerinages ont continuè de plus belle. Pendant cinq ans ! Et un jour, la triste nouvelle nous a abasourdis : le père Thomas est mort. C'était le 9 septembre 1952. Des milliers de personnes ont accompagné son cercuel jusqu'au cimetière. tout le monde pleurait ! Depuis ce jour, les pèlerins se sont faits plus rares, malgrè les efforts de la bonne madame Rose, qui aurait bien voulu continuer. En vain ! Et aujourd'hui, le Mas Rillier est bien vide, à part les "bagnoles", bien sûr. Mais elles ne font que passer, à toute allure, sans imaginer la ferveur et la dévotion qui autrefois, régnaient en ces lieux, où plane encore l'ombre d'un curé exceptionnel..."

 

Contactez-nous Appelez-nous Appeler l'agence